Tentation N°2
J’ai failli refumé encore ! ça fait 1 semaine et 3 jours, comme je suis faible ! Je suis en manque de dopamine et d’amour. je sombre dans un état végétatif qui consiste à laisser mes organes vitaux procéder à ma survie de base.
Que suis-je sinon une machine programmée pour créer de l’argent, pour entrer dans les statistiques et partir à la recherche d’un but, un sens à ma vie dans cette société qui me donne une perception unanime que, non, sans cette société, l’existence est vaine, et que, quoiqu’il arrive, je dois trouver un sens à ma vie dans cette société, peut-être un logement, un emploi, un couple, une reproduction. Cette phrase était beaucoup trop longue pour être compréhensible.
Mon isolement social me plombe quand je n’éprouve plus de plaisir, un manque de dopamine, d’endorphine, de sérotonine et surtout de noradrénaline dans mon petit cerveau encombré qui se demande pourquoi.
Comment trouver un sens quand on n’existe pas pour les autres, mais uniquement pour soi ? En supprimant, bien évidement tous les plaisirs pervers engendrés par cette société capitaliste, alcool, tabac, malbouffe.
Est-ce que je pourrais trouver un sens ? J’aurais peut-être toujours besoin d’un pti loulou le matin. Hoooo ce matin j’ai vu loulou ! ! J’y croyais pas ! Il a abandonné son manteau ce fou ! Je me demande si il a une femme, je me demande même quel âge il a. Enfin c’est tout moi de fantasmer en secret sur une rencontre impossible avec un inconnu, que je ne connais absolument pas - et soyons d’accord, que je ne connaitrai jamais de ma vie - mais dont je tombe sous le charme comme si j’avais des années collège à rattraper. Puéril.
Ce matin, y’avait des galères pas possible de train. Je suis arrivée à la gare de la ville où je travaille, j’aurai pu y aller, mais j’ai fais demi-tour, empoignant l’excuse des perturbations de train pour ne pas aller travailler.
Et je rentre, je rallume une clope, je fume 2 tafs, j’écrase, c’est pas bon, c’est pas ça que je recherche.
C’est autre chose. C’est quoi ?
Et je pense à loulou comme si il faisait parti de ma vie alors qu’on a rien en commun à part ce train, tous les matins. La pauvreté de mon existence me fait m’attacher à n’importe quoi et accorder de l’importance à l’insignifiance quotidienne.
Je me perds.
Alors je vais travailler mon polonais, à quoi ça me sert ? je n’irai jamais en Pologne, ça occupe mon esprit, je fuis ainsi de mes pensées obsessionnelles sur la mort, et je retarde ma lecture du dernier livre de Yalom, j’oublie mes recherches d’emploi, je retarde mon avancée sur la vie. Pourquoi avancer dans la vie si l’avancement me rapproche de la mort.
Je découvre peu à peu mon déni qui me trouve des excuses partout où le vide a du sens, fuir mes responsabilités, mon avenir, ma réalité, et rester un enfant qui ne s’occupe que de son présent.
Et j’en parlerais à ma psy, elle va me dire quoi ?
-Tu vois Boulite, ton existence est tellement pauvre que tu n’as que moi pour raconter ta vie, je te dis ce que tu veux entendre pour aller mieux, essayer de te donner de l’importance, mais tu n’as rien d’important, ni toi ni ta vie, qui peut s’envoler à tout instant, comme jadis le bon Monsieur X qui habitait 13 bis rue X, qui avait les mêmes questions existentielles, qui sombrait dans une même condition insignifiante au quotidien, et qui fût retrouvé mort d’une embolie pulmonaire, seul, chez lui, 10 jours après son décès, dans un état de putréfaction, de décomposition. Que même la vue de son corps ou rien que l’odeur s’y dégageant répugnait, qui est devenu simplement ce qu’il était réellement : rien. Un rien qui passe son inexistence à essayer de devenir un tout. Tu resteras un rien, malgré toute la bonne foi que tu peux donner et toute l’imagination dont tu peux faire preuve.
Arrête de penser, ni à la vie, ni à la mort, ni au tabac, ni au capitalisme, ni à l’engrenage, ni à loulou.