Petite réflexion du samedi soir pré-pleine lune
Je réflechissais à un truc vachement intello tout à l’heure.
Avant le repas, j’étais avec mes parents, ils prenaient l’apéritif, moi je lisais, j’étais à fond quand tout à coup je fussâte perturbée par des bruits quelques peu déconcertants de déglutition. Je pretasse oreille à ces bruits opportuns lorsque je remarquasse mon paternel en train de manger des gâteaux apéritif. Ce n’est pas qu’il mangeait, il les dévorait, sans prêter attention à ce qu’il dévorait, il les dévorait !
Je me suis demandé de quel besoin provenait cette pulsion si intense de bouffer. Parce que là, qu’on soit d’accord journal, il ne s’agit pas de manger, mais bien de bouffer. Et je me suis aperçus que je l’ai toujours vu en train de bouffer. Donc je faisais style que je continuais de lire, mais en fait j’étudiais de plus près la question. Pourquoi est-ce qu’il bouffe ? Ce n’est pas de la faim, car si c’est de la faim, il s’activerait et déciderait d’avancer l’heure du diner. C’est de l’ennui ? Possible. Une compensation ? Peut-être.
Il s’ennuie. Moi aussi. Si je mange parfois entre les repas, ce n’est pas de la faim, mais de l’ennui, donc je mange pour m’occuper. C’est aussi de la peur, car quand on s’ennuie, on pense, si je ne m’ennuie pas, je ne pense pas, peut-être que j’évite de m’occuper de mes problèmes, peut-être que penser à mes problèmes est source de stress, alors en mangeant je fuis le stress. Je compense. Il compense. Et alors pourquoi il n’avance pas l’heure du repas, si il dine au lieu de l’apéritif, il n’aurait pas à combler son ennui. Mais l’apéritif, c’est quoi pour lui ? La récompense. Il a passé une bonne (ou une mauvaise hein) journée, et le soir vient, il se récompense en s’autorisant son plaisir, sa source d’endorphine : un apéritif, de l’alcool. Pourquoi a-t’il besoin de cette source de récompense ? Il ne peut pas se récompenser simplement intérieurement, être fier de lui, d’avoir passé une bonne journée. Il ne s’aime peut-être pas suffisamment pour accepter ses propres félicitations, donc il cherche une source d’amour à l’extérieur : l’alcool.
Tout ça mêlé à un rituel installé depuis 30 ou 40 ans, c’est foutu. Effacer une mauvaise habitude si longuement enraciné dans le quotidien, ce n’est pas mission impossible, mais c’est mission compliqué, c’est mission tu vas en chier sévère crois moi !
Et j’ai reporté cela sur moi, je ne dois pas bouffer comme ça pour me cacher la réalité. Je ne devrais pas avoir peur de me retrouver hors des illusions qui me bercent et être bien en face de la vérité. Chercher mon amour, ma bienveillance, non pas seulement à l’égard des autres, mais à mon égard. Ils le disent dans les enseignements, comment être bienveillant à l’égard des autres si on ne l’est pas avec soi ? Ca ne marche pas, cela n’est pas possible. Il faut s’aimer pour pouvoir aimer, tant que l’on est pas satisfait de soi, les autres n’existent pas, alors on ne peut pas être présent pour les autres.
Ha. Bon, je sais plus pourquoi je parlais de ça. Je trouve que notre rapport à la bouffe est malsain ici, bouffer pour s’occuper, pas pour se nourrir. On a pas besoin de desserts, de gâteaux, de gâteaux apéritif, de conneries. Tant qu’on peut survivre. En fait, dans la famille, on est toujours à la recherche de récompense, surtout à travers mon père. Dès qu’il ou qu’on a fini un boulot ou autre, c’est tiens fume toi une clope, bois un verre, repose toi. C’est le réconfort après l’effort en se récompensant de l’extérieur. Mais on doit pouvoir se réconforter par soi-même, en s’adressant un peu d’amour et de bienveillance. On ne peut pas dire que c’est égoïste ou égocentrique, s’aimer, c’est le début d’une vie sainement menée, et il faut savoir se comporter avec soi comme on se comporterait avec les autres, se respecter, se féliciter, s’encourager. Quand on est face à un échec, pourquoi on a tendance à s’enfoncer soi alors que si ce serait quelqu’un d’autre on l’encouragerait à ne rien laisser. Pourquoi on est plus indulgent avec les autres qu’avec soi ? On doit pouvoir s’aimer soi et être bienveillant.
C’était la note du soir, bonsoir !