Tomber huit fois, se relever neuve

Pétage de cable

J’essaye de respirer profondément, de contrôler mes émotions, de les accepter. C’est dur.
Je crois que c’est de la fatigue, et de la déception. Évidemment ! Depuis ce midi je me retiens, j’avais oublié...
Honnêtement, ma matinée s’est super bien passée, j’ai adoré ! Au boulot, c’était super, j’ai frôlé les problèmes de train, j’ai eu de la chance, je rentre, au top !

Et dès que j’ai franchis les portes, c’était fini.
J’avais grave faim ! Alors je me mets à table avec un petit plat vite fait, je me mets à manger, j’essaye de me concentrer sur ma bouffe, mais y’a mon père qui joue à côté avec mon neveu avec un jouet à la con qui m’a cassé les oreilles, et ma mère est venue me voir 15 000 fois au moins me demander toujours les mêmes questions et comment je sais que mon sms est bien envoyé ? Et comment je vois la photo que j’ai pris ? Pendant que je mange. Je veux bien y répondre 50 fois quand je n’ai rien à faire mais quand je mange, JE MANGE ! Et si c’est pas trop demandé dans ce monde de merde de manger un tout petit peu en paix, même 15 minutes, c’est bon. Alors j’ai compris que c’était foutu. Sinon oui je vais bien merci, j’ai passé une bonne matinée, ne me posez même pas la question, c’est pas la peine, je suis celle qui va toujours bien et qui passe toujours de bonnes matinées, alors inutile de lui demander. N’empêche que je réalise que même si on répond toujours "ça va" à "comment ça va ?" et qu’on peut trouver ces "comment ça va ?" un peu barbants et inutiles, moi je viens de réaliser que de poser la question, rien que poser la question "comment ça va ?" ben j’ai l’impression qu’on se soucie de moi, et j’ai juste l’impression d’exister, donc ça fait chaud au coeur. Mes parents ne me disent jamais "et toi ?" ou "comment ça va ?", et en fait je me dis qu’ils ne m’ont jamais posé la question. Soit.

Pendant mon repas, entre deux questions de ma mère, j’ai voulu parler, je ne sais même pas pourquoi je me suis autorisé le droit de parler, mais bon, c’est arrivé. Je dis d’un coup "ho la la, y’a eu beaucoup de problème de train ce matin !", à vrai dire je ne m’attendais pas à grand chose, mais quand même je ne m’attendais pas à rien. Genre un "ah bon ?" ou même un "ah ok" c’était bien. Je n’ai eu aucune réponse. Ma mère était sur son portable, tellement concentrée qu’elle ne m’avait pas entendu. Et quand moi je suis sur mon portable elle me raconte sa vie, j’arrive à l’écouter à répondre aussi. On ne doit pas avoir la même notion de politesse ou de priorité.
Ce moment était tellement solitaire, c’était épic. Un grand blanc de 10 minutes, où j’étais seule à me sentir très malaisé. Au final, Boulite, ta matinée, on s’en fout, alors ta gueule, tu la ferme.

J’ai finis de manger en 2 secondes car j’ai compris que c’était ça le prix de ma liberté, pressée de me reposer seule avec un café chaud. Mais manque de pot ! J’ai finis de manger, et quand je me suis isolée avec mon café, ma mère avait eu une envie de faire des courses, et pas seule ! Si tu vois ce que je veux dire, genre je viens te voir, ah je vais en courses, je vais y aller toute seule, personne ne veut venir avec moi, en plus j’ai des choses à acheter, je serais chargée, mais non c’est bon laisse moi je vais aller seule.... BAH NON. "Je finis mon café hein, et j’arrive", "ah oui, mais j’y vais maintenant moi, pas dans 10 minutes", ah je jette mon café, je saute dans la voiture.
Les courses ça a été vite, puis je suis rentrée, j’étais épuisée, ma soeur arrive chercher son fils, et je me mets à bouffer pour éviter la peur. Là je touche un point à étudier, chaque fois qu’il y a un invité, je bouffe pour compenser je ne sais quoi.
Bref, déçue d’avoir mangé entre deux repas, je vais m’allonger, je dors direct. Et je me relève, je vais me faire un thé, la tête un peu dans le cul, et ma mère recommence "hé viens voir, comment je fais pour voir le mail que j’ai reçu ?" "mais je comprends pas pourquoi je ne le vois pas en notification" "ah ? je me souviens pas du mot de passe". J’ai fais le truc qu’elle m’a demandé, mais sans sourire, excusez-moi d’être fatiguée, elle me dit "bah rigole !" je lui dis pardon mais je suis fatiguée, et j’aurais jamais du dire ça ! "ho lala t’es fatigué, ah bon..." l’air de dire ben tant pis pour toi. J’aurais rien du dire et faire style de rigoler.
En me disant cela, elle m’expire sa fumée de cigarette au visage, je suis écoeurée par l’odeur, agaçée. C’est pas grave, hein, c’est pas comme si j’ai arrêté de fumer il y a 8 mois. C’est un manque de respect que je n’aime pas. J’applique la respiration profonde, ça ne change rien. Je fais ce que ma mère demande et je m’isole. Des larmes veulent partir, c’est leur droit ! Elles crient "liberez nous ! liberté !" et coulent sur mes joues. J’ai vraiment du mal avec le manque de respect de ma mère, en fait, pour elle, je ne pense pas que ce soit le cas, c’est peut-être moi, trop à cheval sur ce principe, mais pour moi le respect et la politesse est hyper ultra importante, et ma mère jamais merci, rarement s’il te plait, ou du respect simplement envers la liberté de la personne ou autre. Enfin bon.

J’en ai un peu marre, j’ai pris du temps pour écrire ça, ça m’a fait du bien de tout écrire. Vraiment, beaucoup de bien. Ca faisait longtemps que je n’avais pas écrit pour me soulager, car oui, c’est vrai, en général je suis celle qui va toujours super bien et qui passe des journées géniales !
Je vais profiter de mon thé qui est devenu froid et aller manger, après je vais dormir directement.
Moi je sais que quand je vais au boulot, je demande à un collègue "ça va ?", il me répond "oui", je n’entends pas cette réponse automatiquement, je l’écoute ce "oui", je ne l’entends pas, je l’écoute. Je sais que de demander un "ça va ?" ça peut faire chaud au coeur, parfois j’ai un collègue qui me demande "ça va ?" en insistant, ce n’est pas un "salut, ça va" habituel, c’est un "Boulite, comment ça va ??" sincère, et ça me réchauffe. Il ne faut oublier personne, on ne peut pas être présent pour tout le monde, et il n’est pas nécessaire de déplacer des montagnes pour faire plaisir, juste un mot, un regard, une attention peut changer la journée des gens. C’est pour ça que pour moi les êtres humains sont incroyables car il suffit d’un mot, ou d’un geste pour pouvoir tout changer chez quelqu’un, le rendre triste et malheureux, ou le rendre content et heureux. Et je trouve que ce pouvoir est magnifique, bien plus important que de pouvoir voler ou pouvoir entendre les pensées des gens, ce pouvoir magique, il est vraiment magique !

Bon, allez, je me casse maintenant.
A bientôt.
Ah aussi il faudrait que je me penche sur la question de la bouffe et de la compensation. Mais ça sera pour plus tard.